Il va falloir raconter alors que c’est fini. Cruel.
Dans la ville de Valence, il y a pour moi beaucoup de souvenirs de tournée avec les Sunshine In Ohio, avec qui j’ai fait le voyage trois fois. Ce sont des souvenirs de concerts et de plage (beaucoup de plage). Des voleurs de camion qui entrent alors que je fais la sieste dans le van et qui détalent en courant en réalisant que quelqu’un est là. Quelques fêtes, et une constellation magnifique d’ami·es, musicien·es ou pas, qui nous ont suivi·es, accueilli·es, qui ont joué avec nous dans l’ambiance particulière de cette ville bien grande mais où personne n’a l’air pressé, où je sens de la légèreté, mais l’air y est bon, c’est peut-être ça.
Avec Pollyanna, nous avons retrouvé cela (sauf les voleurs), et encore plus.
Il y a eu Antonio, qui est multi-instrumentiste et qui a arrêté les tournées internationales qu’il faisait autrefois avec un groupe de rock espagnol assez connu. Aujourd’hui, il consacre son temps à plein de projets musicaux bizarres, à la hauteur de sa fantaisie. Il refuse de parler espagnol avec moi, car il essaie de pratiquer son français, qui est un mélange inoubliable de vrais mots, de mots inventés, de mots traduits et de pas mal de magie. C’est lui qui nous trouve les concerts à Valence : il connaît tout le monde et a dit partout qu’il fallait absolument nous écouter. Il nous a donné des instructions pour chacun des endroits où nous allions jouer, sous la forme d’une intention poétique. Je ne peux pas restituer le génie de cet homme, mais pour se faire une idée, sachez qu’il m’a surnommée « yaourt maquisard » (en français dans le texte).
Il y a Helen et Johhny, les anglais qui nous accueillent dans leur appartement qui a ce trait particulier des maisons où vivent les gens qui tiennent des restaurants : des maisons où personne ne mange. Leur café-restaurant est un lieu de rencontres du quartier de Benimaclet, où on parle toutes les langues en rigolant et en mangeant sur la place, Johnny et Helen s’aiment et c’est beau à voir, surtout quand elle finit sa soirée en sortant de sa cuisine, lessivée, avec les cheveux collés sur le front et son rimmel qui coule et en disant toujours en riant : « I’m exhausted », et rebelote le lendemain.
Il y a eu aussi Nehir qui est venue jouer avec nous sur deux concerts : elle vient de Turquie et elle joue de l’alto divinement, et pour remercier de l’invitation elle offre toujours des sachets de thé allemand aux fruits rouges, va savoir.
Et tous les autres, qui sont venu·es à nos concerts, qui ont ri, et pleuré aussi, avec qui on a parlé de la vie, qui ont porté le tambour pour nous aider, qui ont cuisiné du riz à foison pour qu’on s’installe pour manger dans la rue, qui ont pris des photos, qui sont revenu·es nous écouter avec plus d’amis, qui ont fait semblant de comprendre les paroles en français, qui nous ont parlé de musique, qui ont chanté NANANA sur bizarre monde, qui ont pris soin de nous pendant nos petites pérégrinations dans cet « urbanitour » magnifique.
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