J’ai dormi dans le camion, devant la Poste de Labarthe sur Lèze, parce qu’à 9h30 j’ai rendez-vous chez l’acupunctrice (oui). Je pensais que c’était malin mais c’était un mauvais calcul à tout point de vue : j’ai mis une éternité à venir d’Albi parce que la nuit, l’autoroute est en travaux, et surtout, dès huit heures, sur le parking de La Poste de Labarthe sur Lèze, il y a une activité soufflage de feuilles mortes très méticuleuse qui se met en place, et moi dans mon lit j’imagine l’intégralité de l’équipe technique municipale qui souffle les feuilles mortes en cercle autour du camion pour me dissuader de revenir camper là à l’avenir, et je dois dire qu’ils m’ont bien convaincue.
Heureusement, l’acupunctrice qui est aussi médecin aérospatiale (et oui, c’est Toulouse, la ville de l’espace) est un vrai soleil et surtout elle me pique à merveille en me faisant rigoler. Je suis bien requinquée et j’ai envie de me balader avant le concert du soir. Tandis que je roule vers un village qui m’a tapé dans l’oeil (Clermont quelque chose?), je me rends compte que depuis le Sud toulousain on voit carrément les Pyrénées, à l’horizon, claires et nettes, chaîne de montagnes enneigées bleu glacier, frontière manifeste, surprise du chef. Je descends par le sentier qui s’appelle « Ramier de Clermont le Fort ». Je trouve pas de ramier mais c’est joli quand même. J’ai souvent l’impression d’arriver par hasard dans des endroits qui sont importants pour une région, où les gens viennent exprès se balader parce que c’est beau, et c’est le cas à Clermont le Fort.
A un moment, il faut quand même que je me rende à notre concert. Un bref passage dans Toulouse me laisse imaginer que c’est une ville où il fait bon vivre. Des gens à vélo, à pieds, une douceur, pas trop de stress pour une grande ville. Quand j’arrive devant le Labo des Arts, il y a quelqu’un garé sur la place réservée au déchargement. J’apprendrai plus tard qu’il s’appelle Sergueï et qu’il est ukrainien. En attendant c’est juste pour moi un plaquiste pas commode qui n’est pas pressé de me laisser me garer et je commence à me demander si je vais devoir faire 342 manœuvres pour rentrer dans cette place de parking à cause de la place que prend la camionnette de Sergueï. Il finit par me laisser passer en faisant un peu la gueule.
Quand Benjamin arrive avec Pollyanna qu’il a récupérée à la gare (elle voulait pas dormir sur le parking de la Poste de Labarthe sur Lèze et elle a bien fait), il me dit que ça peut prendre quelques années avant de faire sourire Sergueï. Je ne lui dis pas que j’ai déjà réussi, en déverrouillant le camion à distance, à le faire sursauter puis rire, et je savoure.
Benjamin et Alexandra tiennent le labo des Arts. C’est la salle de spectacles de l’Union des Arts, une association où tu peux faire de la danse, du judo, de la musique, de la lecture pour les vieilles dames, de la récolte de matériel pour les ukrainiens (quand Sergueï a voulu envoyer des gilets pare-balles ils ont quand même dit non) et donc, des concerts. Suivant le proverbe un peu trop usé de « ils ne savaient pas que c’était impossible donc ils l’ont fait », ils ont construit une super salle de concert dans le hangar de l’asso, avec des loges, un bar, une douche (MERCI), et de quoi faire dormir les artistes.
Ce soir il y a des gens qui sont là parce que c’est des amis (mais on connaît pas grand monde a Toulouse) et d’autres qui sont venus parce qu’ils ont cherché « Concert folk Toulouse » sur Google, et c’était le seul ce soir. Ce métier me surprendra toujours.
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